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03/03/2010

Quelques salles périphériques

Avant de se tourner vers l'est de la ville et d'aborder un secteur qui fut très riche en salles, passons en revue quelques unes des salles les plus périphériques. Ce sont les salles les plus difficiles à retrouver, car ce sont elles qui ont disparu les premières, parfois même avant les années 70. Les salles de quartier ont fermé les premières, privant de septième art des pans entiers de la ville. On peut considérer que le maillage des salles s’est rapidement effiloché et que, un peu comme le sang qui refluerait de tout l’organisme vers le cœur, le cinéma a été contraint de se recroqueviller au centre. Tous les quartiers se sont vu confisquer le cinéma. Et si ce n’était que ça…

A l'inverse, la tendance actuelle est d’éliminer les dernières salles du centre ville au profit de complexes sans âme aux périphéries des villes. Le cinéma se voit ainsi considéré comme un hypermarché ou une halle à chaussure.

On trouve ainsi dans les vieux programmes des journaux traces du Lux au 126 boulevard de Cessole avec une séance à 21 heures dans les années 50. Plus bas, il m'a été très difficile de localiser le Colisée tant le secteur du 45 boulevard Auguste Raynaud a changé. C'est peut être cet entrepôt. Cette salle aussi fonctionnait avec une séance le soir.

A Saint-Maurice, on trouve le Plaza qui diffuse à l'été 1954 Le pirate des sept mers avec John Payne dans le rôle de Barberousse « Un film éblouissant ». Le quartier de l'Ariane possède également une salle appelée le Rio qui au début des années 70 fonctionne les samedi et dimanche. Je me souviens avoir vu une photographie de la salle en activité lors de ma visite aux archives municipales.

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Illustration : couverture d'une publication allemande racontant l'histoire du Pirate des sept mers.

03/12/2008

Le Concorde

Terminons notre périple autour de l'avenue en compagnie de notre cycliste avec une salle un peu particulière : Le Concorde. Au 39 rue Pastorelli, la façade a conservé jusqu'à ce jour l'emplacement vertical des lettres de néon. Curieusement, bien des années après la fermeture du cinéma, le nom,est resté. Si l'on fait el tour du pâté de mainso, on découvre les sorties de secours. Mais le Concorde, c'est aussi l'ancien Excelsior. Né pendant la première guerre mondiale, ce sera une salle de renom qui donnera son nom à un roman hommage de Michel Grisolia. Il cède à la tentation érotique en 70 mais en revient vite. Il prend alors le curieux nom de K7 (comme s'en souvient encore Pierre dans un commentaire passionnant de la note précédente). Puis enfin celui de Concorde. Il diffuse alors les grands films de science-fiction des années 80 parallèlement à une programmation art et essai avec des films en V.O. et lors de la vague Hitchcockienne de 84-85, l'essentiel de sa période anglaise. Aujourd'hui, c'est un magasin d'articles professionnels pour coiffure mais ceux qui l'on connu dans sa dernière période se souviennent de la disposition et de l'escalier qui menait à la salle du premier.

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Photographies : Lise Roman et collection José Maria

16/11/2008

Autour de l'avenue (2)

Depuis la rue de la Liberté, demi tour et traversée de l'avenue pour aller à quelques pâtés de maison plus loin, rue Alberti pour être précis, où se trouvait le Vog, qui a bien mal tourné. Il est devenu un simple parking à la façade jaune canari après une période de diffusion de cinéma pornographique. Pourtant, en 1970, c'était une salle de centre ville qui proposait M.A.S.H., le film de Robert Altman qui venait de recevoir la palme d'or à Cannes. Si l'on passe derrière la salle, par une toute petite rue, on trouve encore, sur un mur, l'inscription : Cinéma VOG, sortie de secours.

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Reprenons notre mouvement de balancier et repassons de l'autre côté de l'avenue pour s'engager dans la rue Maréchal Joffre et faire demi-tour au niveau de la façade de l'ancien Edouard VII. Comme son nom l'indique, la salle s'était spécialisé dans une clientèle britannique avant de devenir un cinéma ordinaire. Je me souviens y avoir vu un de films de la série des Bud Spencer et Terence Hill, Cul et chemise. Plus intéressant, dans les années 80, la salle s'est un moment essayé à l'art et essai sous le nom d'Atelier du Cinématographe, sans succès. L'expérience n'a guère durée plus d'un an. Je me souviens encore d'un systéme mis en place pour indiquer le niveau de qualité des copies à l'aide de pastilles de couleur. Mais à l'époque plusieurs salles s'étaient positionnées sur l'Art et Essai et les reprises et puis la Cinémathèque venait de s'installer à Acropolis.

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A deux pas, la superbe façade de l'Idéal avec ses visages de pierre récemment repeint de couleurs vives (et d'un goût moyen). L'Idéal fait partie de ces salles nées dans les années 10, respectable, on y verra la première du Chanteur de Jazz le 3 novembre 1928 puis l'Idéal est devenu le Studio 34 mais, comme l'a chanté Brassens, c'est là qu'il a mal tourné... Si l'on fait quelques pas, on découvre sa seconde façade, celle qui annonçait fièrement : « XXX, deux films au même programme ». La salle a été revendue au début des années 2000 à une compagnie d'assurances.

Une rue plus haut, rue Victor Hugo, c'est le beau bâtiment bourgeois qui abrite l'insubmersible Variétés. La salle appartient, comme le Rialto, au groupe indépendant UGC Méditerranée. C'est le dernier cinéma avec le Royal, à avoir conservé ces grandes salles avec balcon, dorures et velours, avant l'inéluctable restructuration : multisalles, fauteuils club et son THX unique sur la côte. C'est aujourd'hui sept salles et la programmation la plus commerciale de la ville. En 70, il passe Texas, nous voilà ! et, quelque part, il lui en est resté quelque chose...

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Traversons le boulevard, juste sur la droite, dans une petite impasse se cache un batiment d'aspect revèche. c'est l'ancien Olympia reconvertit dans la politique. Une salle qui diffusait beaucoup de films de Disney. Tristesse des reconversion.

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Un peu plus haut, encore, juste à côté de l'escurail, La façade de l'ancien Rex, devenu le théâtre de la Cité, jolie reconversion pour une salle modeste mais bien faite. On y a refait du cinéma pourtant, puisque c'est là que Christian Passuello y a projeté en 1996 son documentaire Going back to Nissa la belà.

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(à suivre)

Photographies : Lise Roman

06/11/2008

Autour de l'avenue

Tout autour de l'avenue Jean Medecin se tenaient de nombreuses salles. Remontons donc avec notre cycliste l'avenue en zig-zag à partir de la place Masséna aujourd'hui en plein travaux du tramway. Avant les jardins et les bassins , se tenait le Casino, vaste bâtiment comprenant un cinéma, le Casino (!) et, je m'en souviens encore, la boutique du Nain Bleu, disquaire et vendeur de matériel audio. En 1970, on pouvait y voir le tout dernier Chabrol. Que penserait-il de tant d'eau ?

Quelques pas sur la zone piétonne en direction de l'ancien Ritz devenu un magasin de chaussures au 33 rue Masséna. Cette salle me rappelle surtout un documentaire sur le groupe Magma diffusé à toutes les séances, rayé comme la Diva du Méliès, et ces sièges marron foncé en béton armé. Y voir les trois heures de Il était une fois dans l'ouest tenait de l'exploit vertébral. Cette salle, comme tant d'autres, a évolué d'une salle unique d'exclusivités (par exemple Le salaire de la peur en 1954 où Domicile conjugal, cinq semaines de succès ! en 1970) à une sorte de multi salle de quartier, plutôt mal placée dans une zone très touristique. Trois salles avec des reprises et une programmation pornographique. Le Ritz a disparu au début des années 80.

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Demi-tour et petit crochet par derrière les Galeries Lafayette. Pour découvrir, derrière le restaurant Le Guitry la façade de l'ancienne salle du Casino Club. Il a pris un nom prestigieux sans conserver sa salle... Du moins pour des films. Je crois que l'entrée était sur la droite.

Virage sur la gauche. Passons l'avenue une première fois pour découvrir les traces de deux salles : côté gauche le Paramount devenu une banque mais on voit encore bien les emplacements pour las affiches et la caisse. Le Paramount était un grand et beau cinéma d'exclusivité. Avec ses deux salles il est aussi le premier « multi salles » de la ville. En 70, on y projetait la figure de Jack Palance qui vaut bien celle d'un distributeur de billet. Sa programmation était parallèle à celle du Monte-Carlo comme on peut le constater sur la pavé de presse (ici). Je me souviens de cette queue d'enfer qu'il avait fallu se taper pour Le retour du Jedi en 83. La fin de ce cinéma a été un peu triste. La toute dernière semaine, j'y avais vu Blood simple, le premier film des frères Cohen. Il devait y avoir cinq spectateurs. Triste.

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Presqu'en face, côté droit, ce magasin de tissu au 4 de la rue de la Liberté cache bien l'ancien Cinémonde. Si l'on entre, on retrouve l'escalier qui descendait dans cette salle où j'ai vu, fin des années 70, ce film avec le 747 qui tombe à l'eau et dont je vous ai posté la photographie d'exploitation il y a quelque temps.

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(à suivre)

Photographies : Lise Roman

 

04/11/2008

Interlude sociologique

La pratique du cinéma, au niveau du spectateur, n'a cessé de changer tout au long de sa courte histoire. De l'attraction de foire au divertissement de masse en passant par la cinéphilie, les festivals et les ciné-club, il y a eu bien des façons d'aller voir un film. La télévision, la cassette vidéo puis le DVD ont réduit l'audience des salles, leur nombre et leur implantation. Ce dernier point mérite que l'on se penche sur l'évolution du parc de salles niçois en terme de répartition géographique. J'ai, dans mon scénario, illustré ceci par cette petite scène :

Notre cycliste s'arrête à un feu. Un piéton se tient sur le bord du trottoir, tenant un vieil exemplaire du journal Nice Matin daté du 17 septembre 1970. Le piéton s'approche du cycliste.

Le piéton.

Si l'on en croit ce journal de septembre 1970, Nice comptait à cette époque 36 cinémas dont un seul disposait de deux salles...

Le cycliste retire ses lunettes pour mieux voir. Le piéton replie méthodiquement son journal.

Le piéton.

Il n'en reste aujourd'hui que 6, ce qui représente néanmoins 29 écrans. Mais on remarquera que tous les quartiers périphériques, tant défavorisés que résidentiels, ont perdu leurs salles.

Le cycliste.

Est-ce bien raisonnable... ?

Le piéton(désignant le feu).

C'est vert.

Effectivement, il y avait encore en 1970 de très nombreuses salles de quartier et chaque quartier avait les siennes. Y compris l'Ariane, Magnan, la Californie, Fabron, Riquier et la plaine du Var avec le drive-in puis un peu plus tard la salle de Cap3000. Les populations des quartiers plutôt populaires étaient très attachés à « leur » salle comme on le constate aux écrits de Louis Nucera ou Raoul Mille. La salle avait alors une véritable fonction sociale où l'on se retrouvait en famille ou en bande. Ce sont ces salles qui ont disparu les premières. Aujourd'hui, il ne reste aucune salle de quartier et l'on peut risquer l'explication d'un profond changement dans le choix des divertissements. Nouvel avatar de salle populaire, même si les mots m'arrachent les yeux à les écrire, c'est le multiplexe de Lingostière. Il sera bientôt concurrencé du complexe prévu à l'Arénas. Aujourd'hui, le multiplexe est devenu le nouveau cinéma de quartier, un quartier purement artificiel et dédié à la consommation de masse. Le cinéma a perdu cette bataille et laisse de nombreux nostalgiques. C'est à eux d'abord que ce projet est dédié.

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28/10/2008

L'Escurial

Nice est une ville curieuse qui comprend par exemple deux centres, si ce n'est plus. L'un, autour du vieux Nice, est le centre historique avec la mairie et l'ancienne préfecture. L'autre, plus moderne et sur l'autre rive du paillon, est organisé autour de l'axe de l'avenue Jean Médecin anciennement avenue de la Victoire. Considérant ce second centre, on dénombre une bonne douzaine de salles de part et d'autres de l'avenue.

La plus prestigieuse sans aucun doute, c'est celle de l'Escurial. Notre cycliste, évitant les travaux, remonte au niveau du café de Lyon pour enfiler l'avenue Georges Clémenceau vers l'imposante façade de l'ancien cinéma ESCURIAL. L'ensemble est une superbe réalisation architecturale due au talent de Léonard Varthaliti, grec d'origine. Avec ses 1400 fauteuils, ses colonnes, son hall d'entrée et ses immenses fresques d'inspiration antique, peintes par Eugène dit Étienne Doucet (1890 – 1978), c'était l'une des plus belles salles de Nice, voire de France et l'une des plus grandes d'Europe. L'Escurial traverse plus de quarante ans d'histoire du cinéma niçois. C'est la première salle à s'équiper en cinémascope par exemple. Mais il vieillit mal et comme tant d'autres salles de ce calibre, ne réussi pas à négocier la mutation des années 70. Paquebot de luxe en un temps de caboteurs, il ferme en 1979 et est vendu aux enchères l'année suivante pour être transformé en boite de nuit... De luxe, toujours. Ce qu'il est toujours aujourd'hui. Les fresques de Doucet sont réputées être conservées sous les cloisons de la grande salle.

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Lors de ma période de recherche, j'ai eu un entretien avec Thierry Olive, cinéphile, gérant de l'unique librairie spécialisée dans le cinéma de la Côte d'Azur, Cinéfolies. Nous avions évoqué les dernières séances de la salle, plongée dans l'obscurité car ses propriétaires ne pouvaient plus payer l'électricité. Il m'a raconté avec beaucoup de talent l'entrée sombre. L'escalier descendant à la salle et uniquement éclairé par une petite lampe, sans doute de secours. Une atmosphère de film fantastique, un genre qu'il affectionne particulièrement. Et puis la grande salle, immense et sur les dernières années si peu fréquentée. Une atmosphère de fin du monde, de fin d'un monde.

L'Escurial aujourd'hui et hier

Photographie : plaquette cinémathèque de Nice 1995

23/10/2008

Descendons l'avenue

Descendons à nouveau l'avenue Jean Médecin en compagnie de notre cycliste. Juste un peu plus bas de l'ancien Balzac, sur le trottoir d'en face au numéro 43, se tenait le Cinétoile. Aujourd'hui, c'est une boutique de petits riens pas chers. Il en reste l'auvent et la vitre qui a conservé, jusqu'à ces derniers temps, les lettres noires « ETO ». Quelques années avant, le magasin s'appelait « Étoile Étoile », il s'y vendait des vêtements bon marché et la façade avait été conservée. Le Cinétoile était une salle qui a donné très tôt dans le registre coquin interdit aux moins de dix-huit ans, passant des classiques façon Emmanuelle aux films sordides sur rétroprojecteurs vidéo. C'était une vocation ancienne puisque, par exemple, en 1962 il diffusait « le film le plus audacieux et le plus sensuel » : Les enfants du vice.

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Je me souviens encore des affiches aux titres excitants que l'on voyait en sortant de son vis à vis, le Pathé Paris. Celui-là est un survivant. Sis au 54, il fait désormais partie du groupe Pathé. A l'époque où il n'avait qu'une grande salle, c'était le Paris Palace et si mes souvenirs sont bons, c'était une salle dont le toit s'ouvrait. Aujourd'hui, c'est une salle résolument tournée vers un public jeune avec une programmation très commerciale.

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Changeons de trottoir à nouveau. Au numéro 41 se tenait jusqu'au 6 juin 81 le Monte-Carlo. Jacques Lemoine, ancien projectionniste de la Cinémathèque et légende des projectionnistes de la côte y avait officié. Il se rappelait encore l'imposant décor installé pour la sortie du Livre de la Jungle produit par Disney. Il m'avait raconté les derniers jours de cette salle. Les propriétaires étaient tellement pressés et indifférents qu'ils avaient tout fermé en laissant les stocks d'esquimaux dans les congélateurs. Le courant ayant été coupé, losque Jacques était venu pour récupérer du matériel, la salle baignait dans la crème glacée et les rouleaux de pellicule. Charmant. C'est désormais un Quick.

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Au 33, encore un peu plus bas, c'était l'Apollo devenu l'Avenue puis ultimement l'ABC avec trois salles et une programmation que j'ai connue très familiale. C'était le cinéma des Disney et des films avec Terence Hill et Bud Spencer. Qui s'en souviendrait derrière cette façade façon marbre impersonnelle.

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Juste à côté, l'imposante salle du Gaumont, cinéma phare de l'avenue, rénové par Pathé et baptisé Pathé Masséna. Impeccablement transformé pour affronter les temps modernes. Il conserve sa grande salle de prestige modernisée avec son dolby THX et écran panoramique. Six salles complètent le complexe. On regrettera qu'aujourd'hui le pop-corn y ait autant d'importance et que les signalisations des issues de secours soit si importunes lors des projections. Comme son petit frère, ce cinéma a désormais une programmation très commerciale même si nombre de grandes sorties y font toujours figure d'évènement comme à l'époque des grandes queues pour découvrir L'Empire contre-attaque ou Blade runner. Le cinéma a également eu quelques véllités art et essais avec de la diffusion en VO, mais c'était très timide et sans lendemain. C'est également là que se font les avant-premières et les séances spéciales, avec l'ESRA notamment

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Encore un peu plus bas, notre cycliste achève son périple avec la façade du 20 et 22 où se tenait le Cinéac transformé en McDonald's. Certaines salles disparaissent discrètement, subissant des reconversions qui font frémir. Ce haut lieu de la gastronomie était le siège du Cinéac, anciennement Alpha. En 70, il diffuse Anzio, un film de guerre avec Mitchum, du grand spectacle. Il cède, comme d'autres à la tentation du porno, devient les Arcades puis, dans un ultime sursaut de dignité, nous donne de grands moments avec Duel ou Alien. Il ferme définitivement aux premiers jours de 88. Méditez que c'est ici, à l'automne 1903, que le journal l'éclaireur de Nice organisait des projections en plein air, séances vite interdites par la municipalité en raison de l'affluence qui bloquait la circulation sur l'avenue...

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(à suivre)

 

Photographies : Lise Roman

17/10/2008

Le Balzac

Ainsi donc le Fémina est devenu le Balzac à la fin des années 70. Et quel parcours pour cette salle, l'une des plus vieilles de Nice puisqu'elle ouvre avant 1914. En 1970, On y diffuse Violettes impériales, l'opérette avec Luis Mariano. Quinze ans plus tard, repris dans une optique franchement étudiante et branchée, le Balzac passera plusieurs fois The Wall, l'opéra rock des Pink Floyd. Le cinéma est repris par une association d'étudiants et devient dans les années 80 un haut lieu de la cinéphilie, diffusant des cycles passionnants, des films rares, des films cultes. On se souvient encore de ces séances spéciales du Rocky horror and picture show, avec jets de riz, pluie à l'extincteur et le Time Warp.

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La cinéphilie perdant dramatiquement de la vitesse au début des années 90, le cinéma retire ses fauteuils et se reconvertit dans les concerts. Quelques groupes fameux de la scène niçoise y joueront mais la salle ne tient pas. Elle ferme et l'immeuble décrépit. Il y a quelques années, début 2000 enfin, il est ravalé et une boutique de jouets made in China s'est installée. Pour ceux de ma génération, la Balzac reste La salle incontournable, celle où les choses plus plus intéressantes se sont passées, une véritable animation, une véritable programmation, un esprit. pour le film j'ai imaginé que notre cycliste rencontrait un spectateur nostalgique vêtu en franck N. Futer et qu'ils esquissaient quzelques pas du Time warp

It's just a step to the right

Then a jump to the left...

(à suive...)

Photographie : Lise Roman

20:05 Publié dans Scénario | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : salles, balzac | |  del.icio.us |  Facebook | | |

03/10/2008

Les disparus du haut de l'avenue

Suivons notre cycliste qui passe le pont séparant l'avenue Malausséna de l'avenue Jean Médecin anciennement Avenue de la Victoire. Petit crochet sur la gauche, au 35 du bd Raimbaldi pour constater qu'il ne reste aucune trace du Hollywood, devenue une droguerie, à l'exception de son imposant auvent.

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Retour sur l'avenue et même constatation pour le Français qui s'est appelé le Cluny dans les années 50 et se tenait au numéro 68. Juste à côté, le Fémina au numéro 60. C'est une zone très commerçante et peut être derrière les vitrines trouverait-on encore quelques autres traces. Mais ce qui subsiste, ce sont les auvents. C'est ce qui marque tout au long de ces recherches : la présence de ces auvents. Sans doute cette partie est à la fois pratique à conserver pour des activités commerciales et compliquée à retirer.

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Près de la gare, ces cinémas étaient des salles de quartier. Les programmations ne sont pas des exclusivités, des reprises parfois comme les Violettes impériales avec Luis Mariano en 1970, souvent du cinéma populaire avec des titres comme L'invisible docteur Mabuse (de Harald Reinl 1962 avec Lex Barker ), Le fils du capitaine Blood (de Tullio Demicheli 1962 avec le fils d'Errol Flynn, Sean) Le trésor maudit (de Mario Sequi 1950 avec Maria Félix ) ou encore les films de notre grand comique national Philippe Clair. Ces salles, avec ces types de programmations, seront les premières à disparaître lors des grandes mutations des années 70. Quand je suis arrivé à Nice, en 1977, je crois bien qu'elles n'existaient déjà plus.

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Je note que La grande java est un film qui a été tourné sur la côte ce qui ne l'empêche pas d'être une absolue catastrophe dans laquelle sombre le pauvre Francis Blanche. A ce titre, ce film sera diffusé à la Cinémathèque de Nice lors de la rétrospective autour de l'activité aux studios de la Victorine. Clair à la Cinémathèque !

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Photographies : Lise Roman

Pavés : Le Patriote / Nice Matin

(à suivre)

29/09/2008

Le Royal

Avenue Malausséna se tenait encore, au milieu des années 90, le Royal. C'était le dernier cinéma à l'ancienne de Nice. Une grande salle unique, un peu baroque, avec des sièges en velours rouge, un rideau publicitaire vaguement phosphorescent, un balcon avec une rambarde en fer forgé et cuivre. Le plus beau, c'était la façade un peu art déco, blanche avec des lignes élégantes et deux statues genre déesses grecques.
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Né dans les années folles, il s'est longtemps appelé le Malausséna, il avait été réquisitionné par l'armée allemande lors de son entrée à Nice en septembre 43, quand ils ont viré les italiens qui venaient de jeter l'éponge. Honneur douteux. La salle a continué en salle de prestige pour le quartier. Je me souviens y avoir vu des reprises comme Ben Hur, Autant en emporte le vent, le premier Conan de Milius... Déjà, la grande salle était presque déserte. Le cinéma a tenté une reconversion en dancing quelques années et puis les propriétaires ont fait comme les italiens pendant la guerre et tout à été démoli. Que sont devenues les cariatides ? Le film pourrait être structuré autour de leur enquête. Une véritable enquête avec privé, chapeau et voiture.
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Et puis, un jour, passant devant, le trou. La photographie montre le chantier qui est resté ouvert, habitude bien niçoise, pendant deux ou trois ans. Aujourd'hui, c'est un immeuble banal, bourgeois. Sur la photographie, on peut voir sur le côté gauche un dernier pan de mur blanc. Derrière, on voyait encore le reste de l'escalier qui menait au balcon et la porte capitonnée avec son hublot tout rond, un oeil mort. A l'époque, j'avais filmé ça, me disant qu'il était urgent de garder une trace des salles survivantes. C'est du Hi8, je ne sais pas comment le transférer mais ça doit se faire.

Dans la première version du scénario, la narratrice donnait les instructions à son ami qui partait en vélo à travers la ville. C'était le point de départ du voyage.    
(à suivre)
Photographie : Lise Roman

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24/09/2008

Dispositif et prologue

Le dispositif que j'ai imaginé pour ce film est celui d'une enquête réalisée à vélo. Une enquête que le narrateur envoie faire à un personnage témoin que je vois un peu comme un monsieur Hulot à bicyclette, véhicule de l'effort mesuré. Dans la version d'origine, le narrateur était un jeune femme immobilisée par une jambe cassée. Elle demandait à un ami que j'avais appelé Jacques d'aller réaliser un repérage photographique de l'ensemble des lieux où se trouvaient les anciens cinémas.

Puis l'on m'a fait remarquer que le narrateur, c'était moi et donc cette fille n'était qu'une sorte de masque (ah bon). J'ai donc assumé et j'ai écrit de nouveau avec un homme (disons que c'est moi) qui envoie un copain faire ses repérages. Certains m'ont alors demandé l'intérêt de ce personnage intermédiaire. Je ne devais pas avoir de réponse satisfaisante à moins que ça ne soit révélateur du fait que j'aime bien faire faire les choses un peu fastidieuses par d'autres (c'est pas bien).

Tout cela nous a mis au moment de la valse des label Art et Essais sur le Mercury et le Rialto. CINEAC, le collectif auquel appartient l'association que je préside était assez actif alors sur sujet et l'on m'a suggéré de lier ceci à cela. Je me suis donc exécuté et j'ai effectué la narration et les repérages, menant une enquête sur l'histoire des cinémas niçois pour convaincre Nanni Moretti de venir nous aider à créer une nouvelle salle sur Nice. C'est un peu tiré par les cheveux mais pas plus qu'au départ où seule mon admiration pour le cinéaste romain justifiait le principe de la lettre. Je dois aussi préciser que le "on" est principalement un réalisateur de documentaires, homme charmant qui était venu me donner un coup de main à la demande de la Région qui hésitait alors à subventionner mon projet. Finalement, ils n'ont pas été convaincus et je suis resté avec mes trois versions.

Je ne suis pas plus convaincu aujourd'hui de l'intérêt de cette évolution. D'une part parce que le problème des labels et l'action de CINEAC n'ont eu qu'un temps, d'autre part parce que le premier dispositif n'est que le reflet inversé de la réalité. En effet, après avoir listé mes emplacements de cinémas, j'ai demandé à une amie, Lise, de réaliser une première série de repérages. Elle est partie à vélo et m'a ramené une série de photographies précieuses que vous découvrirez au fil de ce blog. J'aurais peut être dû m'en tenir à ce dispositif là. Ca sera pour une quatrième version.

Nous allons donc conserver cette idée dû parcours à vélo, un dimanche en heure creuse et sous un beau soleil de demi-saison qui adoucit la lumière parfois dure de la Côte d'azur.La conjonction de ces deux éléments propose une ambiance calme et sereine dans des rues désertées par les voitures, propice à la réflexion et à l'évocation de souvenirs.

En guise de prologue, narrateur et cycliste se retrouvaient devant le chantier du Royal.

(A suivre...)

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22/09/2008

Situation et souvenirs

Il y a un passage édifiant relatif à notre sujet dans La nuit américaine de François Truffaut tourné en 1972. Ce film raconte l'histoire d'un tournage qui se déroule dans les studios de la Victorine (autre mythe niçois fameux). A un moment, l'acteur Alphonse, joué par Jean Pierre Léaud, répond à sa petite amie scripte-stagiaire, jouée par Dani, qui veut l'emmener au restaurant : « Moi, ça me dépasse ! On a la chance d'être dans une ville où il y a trente-sept cinémas... Bon ! ». Et de vouloir aller se faire une toile. A un autre moment, dans l'hôtel où l'équipe est descendue, une affichette montre les programmes des fameux trente-sept cinémas dans le hall.

Il y a eu, en effet, trente-sept et plus cinémas à Nice. La ville a eu au début des années 70 le second parc de salles juste derrière Paris. Disséminées sur tout le territoire municipal, salles de quartier, salles de prestiges, salles de patronage et salles d'art et essais, toutes ont tissé des liens culturels et sociaux et portent en elles un peu de l'histoire de la ville. Le film de Truffaut pourrait laisser croire que Nice était alors une véritable ville-cinéma, capitale régionale du septième art. Mais à partir de la fin des années 70, les multisalles, la crise, le rouleau compresseur télévisuel puis récemment l'essor des multiplexes, ont fait disparaître la plupart d'entre elles. Le tissus est mangé aux mites. Aujourd'hui, il n'existe plus que cinq cinémas : Rialto, Variétés, Pathé Paris, Pathé Masséna et Mercury (totalisant quand même 27 écrans), plus la Cinémathèque et de façon intermittente, l'espace Magnan avec la salle Jean Vigo. Il faut aussi considérer, aussi douloureux que cela puisse être, le multiplexe Pathé Lingostière.

Mais restons sur la ville où le mythe perdure. Car avec la disparition de ces salles, c'est toute une façon d'aller au cinéma, une façon de le vivre, tout un certain cinéma lui-même qui a disparu. Il laisse aujourd'hui un fort parfum de nostalgie, le souvenir d'un age d'or. Pax, Central, Royal, le superbe Escurial, le branché Balzac, le vénérable Politéama, ces noms font partie de la mémoire collective Niçoise. Salles de prestige, salles de quartier, disparues, transformées, survivantes ; elles portent cent ans de souvenirs et d'histoire. Ceux du cinéma de genre des salles populaires et hautes en couleurs. Celui du cinéma engagé, volontaire et contestataire des nouvelles vagues des années 60, dans les salles ouvertes aux ciné- clubs et aux débats enflammés de polémique. Celui d'un certain cinéma épique, enfin, celui du cinémascope et du cinérama dans de vastes salles baroques aux pourpres et ors d'opéra.

Le souvenir embelli. Celui des films autant que celui des salles, celui de leurs ambiances, de leurs parfums et de leurs couleurs. Ils portent en nous les impressions de notre enfance et de notre jeunesse, la marque du Temps.