20/03/2014
Les premiers temps
A lire, un article publié sur le site de l'association Gloria Mansion, à propos des cinémas niçois, des origines aux années vingt. Rédigé à partir du travail de René Prédal paru dans la revue de la Cinémathèque de Nice en 2009.
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03/10/2008
Les disparus du haut de l'avenue
Suivons notre cycliste qui passe le pont séparant l'avenue Malausséna de l'avenue Jean Médecin anciennement Avenue de la Victoire. Petit crochet sur la gauche, au 35 du bd Raimbaldi pour constater qu'il ne reste aucune trace du Hollywood, devenue une droguerie, à l'exception de son imposant auvent.
Retour sur l'avenue et même constatation pour le Français qui s'est appelé le Cluny dans les années 50 et se tenait au numéro 68. Juste à côté, le Fémina au numéro 60. C'est une zone très commerçante et peut être derrière les vitrines trouverait-on encore quelques autres traces. Mais ce qui subsiste, ce sont les auvents. C'est ce qui marque tout au long de ces recherches : la présence de ces auvents. Sans doute cette partie est à la fois pratique à conserver pour des activités commerciales et compliquée à retirer.
Près de la gare, ces cinémas étaient des salles de quartier. Les programmations ne sont pas des exclusivités, des reprises parfois comme les Violettes impériales avec Luis Mariano en 1970, souvent du cinéma populaire avec des titres comme L'invisible docteur Mabuse (de Harald Reinl 1962 avec Lex Barker ), Le fils du capitaine Blood (de Tullio Demicheli 1962 avec le fils d'Errol Flynn, Sean) Le trésor maudit (de Mario Sequi 1950 avec Maria Félix ) ou encore les films de notre grand comique national Philippe Clair. Ces salles, avec ces types de programmations, seront les premières à disparaître lors des grandes mutations des années 70. Quand je suis arrivé à Nice, en 1977, je crois bien qu'elles n'existaient déjà plus.
Je note que La grande java est un film qui a été tourné sur la côte ce qui ne l'empêche pas d'être une absolue catastrophe dans laquelle sombre le pauvre Francis Blanche. A ce titre, ce film sera diffusé à la Cinémathèque de Nice lors de la rétrospective autour de l'activité aux studios de la Victorine. Clair à la Cinémathèque !
Photographies : Lise Roman
Pavés : Le Patriote / Nice Matin
(à suivre)
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29/09/2008
Le Royal
Né dans les années folles, il s'est longtemps appelé le Malausséna, il avait été réquisitionné par l'armée allemande lors de son entrée à Nice en septembre 43, quand ils ont viré les italiens qui venaient de jeter l'éponge. Honneur douteux. La salle a continué en salle de prestige pour le quartier. Je me souviens y avoir vu des reprises comme Ben Hur, Autant en emporte le vent, le premier Conan de Milius... Déjà, la grande salle était presque déserte. Le cinéma a tenté une reconversion en dancing quelques années et puis les propriétaires ont fait comme les italiens pendant la guerre et tout à été démoli. Que sont devenues les cariatides ? Le film pourrait être structuré autour de leur enquête. Une véritable enquête avec privé, chapeau et voiture.
Et puis, un jour, passant devant, le trou. La photographie montre le chantier qui est resté ouvert, habitude bien niçoise, pendant deux ou trois ans. Aujourd'hui, c'est un immeuble banal, bourgeois. Sur la photographie, on peut voir sur le côté gauche un dernier pan de mur blanc. Derrière, on voyait encore le reste de l'escalier qui menait au balcon et la porte capitonnée avec son hublot tout rond, un oeil mort. A l'époque, j'avais filmé ça, me disant qu'il était urgent de garder une trace des salles survivantes. C'est du Hi8, je ne sais pas comment le transférer mais ça doit se faire.
Dans la première version du scénario, la narratrice donnait les instructions à son ami qui partait en vélo à travers la ville. C'était le point de départ du voyage.
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22/09/2008
Situation et souvenirs
Il y a un passage édifiant relatif à notre sujet dans La nuit américaine de François Truffaut tourné en 1972. Ce film raconte l'histoire d'un tournage qui se déroule dans les studios de la Victorine (autre mythe niçois fameux). A un moment, l'acteur Alphonse, joué par Jean Pierre Léaud, répond à sa petite amie scripte-stagiaire, jouée par Dani, qui veut l'emmener au restaurant : « Moi, ça me dépasse ! On a la chance d'être dans une ville où il y a trente-sept cinémas... Bon ! ». Et de vouloir aller se faire une toile. A un autre moment, dans l'hôtel où l'équipe est descendue, une affichette montre les programmes des fameux trente-sept cinémas dans le hall.
Il y a eu, en effet, trente-sept et plus cinémas à Nice. La ville a eu au début des années 70 le second parc de salles juste derrière Paris. Disséminées sur tout le territoire municipal, salles de quartier, salles de prestiges, salles de patronage et salles d'art et essais, toutes ont tissé des liens culturels et sociaux et portent en elles un peu de l'histoire de la ville. Le film de Truffaut pourrait laisser croire que Nice était alors une véritable ville-cinéma, capitale régionale du septième art. Mais à partir de la fin des années 70, les multisalles, la crise, le rouleau compresseur télévisuel puis récemment l'essor des multiplexes, ont fait disparaître la plupart d'entre elles. Le tissus est mangé aux mites. Aujourd'hui, il n'existe plus que cinq cinémas : Rialto, Variétés, Pathé Paris, Pathé Masséna et Mercury (totalisant quand même 27 écrans), plus la Cinémathèque et de façon intermittente, l'espace Magnan avec la salle Jean Vigo. Il faut aussi considérer, aussi douloureux que cela puisse être, le multiplexe Pathé Lingostière.
Mais restons sur la ville où le mythe perdure. Car avec la disparition de ces salles, c'est toute une façon d'aller au cinéma, une façon de le vivre, tout un certain cinéma lui-même qui a disparu. Il laisse aujourd'hui un fort parfum de nostalgie, le souvenir d'un age d'or. Pax, Central, Royal, le superbe Escurial, le branché Balzac, le vénérable Politéama, ces noms font partie de la mémoire collective Niçoise. Salles de prestige, salles de quartier, disparues, transformées, survivantes ; elles portent cent ans de souvenirs et d'histoire. Ceux du cinéma de genre des salles populaires et hautes en couleurs. Celui du cinéma engagé, volontaire et contestataire des nouvelles vagues des années 60, dans les salles ouvertes aux ciné- clubs et aux débats enflammés de polémique. Celui d'un certain cinéma épique, enfin, celui du cinémascope et du cinérama dans de vastes salles baroques aux pourpres et ors d'opéra.
Le souvenir embelli. Celui des films autant que celui des salles, celui de leurs ambiances, de leurs parfums et de leurs couleurs. Ils portent en nous les impressions de notre enfance et de notre jeunesse, la marque du Temps.
05:05 Publié dans Scénario | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : salles de cinéma, nice | | del.icio.us | Facebook | | |
19/09/2008
L'Escurial aujourd'hui
Photographie : Lise Roman
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18/09/2008
L'Escurial
Source : plaquette cinémathèque de Nice 1995
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16/09/2008
Note d'intention
Cher Nanni, est un projet de film documentaire autour de l'histoire des salles de cinéma de la ville de Nice.
A l’origine, il y a un trou.
Celui du chantier de démolition du Royal, grand cinéma à la façade art déco sur l'avenue Malausséna avec ses deux grandes statues de déesses antiques désormais impuissantes. Je me suis trouvé face à ce grand trou béant avec, comme un fantôme, un petit bout résiduel : une porte avec son oeilleton, en haut d'un vestige de l'escalier menant au balcon que j’avais filmé, comme par réflexe. Ce trou, muet reproche, est resté près de trois ans en l'état avant que ne se construise un gros immeuble laid.
La première idée pour ce film, c’était l’envie de raconter l’histoire des cinémas niçois. D’abord évoquer toutes ces salles que j’avais connues et qui ont disparues l’une après l’autre au cours des années 80. Ensuite élargir le point de vue à toute l’histoire de ces salles, depuis la première séance du 18 novembre 1905 jusqu’à la récente ouverture de la salle Jean VIGO. Proposer enfin un portrait un peu décalé de Nice au fil du siècle à travers toutes ces salles car, en cherchant un peu, on en trouve toujours la trace.
Traces dans les bâtiments, sur les murs et les vieux journaux, des reliques. Mais aussi traces dans les souvenirs toujours très vivaces sur le sujet si l’on prononce le mot magique, le nom du cinéma : « Mais c’était ma salle ! ». Traces et souvenirs aussi dans les textes de quelques écrivains comme Louis Nucera, aujourd'hui malheureusement disparu, l’homme de l’avenue des Diables Bleus, amateur de vélo, de films et de chats. Ces souvenirs sont traversés d’autant de films et d’une certaine idée du cinéma, non pas une théorie artistique, non, mais une façon d’envisager la séance comme un moment privilégié, un peu magique et un peu sacré.
La seconde idée c’était Nanni Moretti. C’est un exemple, quelque soit le bout par lequel on le prenne : réalisateur, producteur, propriétaire et gérant du Sacher à Rome, organisateur d’un festival qui encourage les jeunes auteurs italiens. La première partie de son Caro Diario où il parcourt les rues de sa ville au guidon de sa vespa m'a semblé une forme idéale pour un tel film, élégante et décontractée. D'où l'idée d'une lettre cinématographique s'adressant au réalisateur : Cher Nanni...
La troisième idée, qui s'est greffée là-dessus, c’était de ne pas se complaire dans une attitude tournée vers le passé. « C’était mieux avant… ». Le film devait rendre compte de la situation présente avec ses succès et ses difficultés mais aussi sa dynamique. Avec ses passionnés et ses possibles. Programmateur de jeunes auteurs des Alpes Maritimes, avec mes amis, programmateurs eux aussi, nous avons imaginé ouvrir la salle de demain. Lier le passé au présent et à l’avenir, retrouver le meilleur de l’état d’esprit d’une époque où le cinéma était le spectacle majeur tout en projetant nos propres désirs d’aujourd’hui.
Le déclencheur, ce fut cette décision, depuis annulée, de retirer aux deux dernières salles estampillées « Art et Essais » leur agrément en septembre 2002. Tirant sur le déclencheur et combinant ces trois idées, j'ai écrit cette proposition de film que j’ai intitulé : Cher Nanni…
Hélas, trois fois hélas, jamais le budget nécessaire à ce projet n'a pu être réuni. Dans deux cartons dorment les résultats de mes recherches. Depuis deux ans, je me consacre aux blogs et j'en suis venu à me dire que cette somme d'informations et de documents pouvait prendre une forme, synthèse du scénario, des repérages et de documents multimedia audio et vidéo, glanés ici et là sur la toile, qui contribueraient à donner l'atmosphère du film.
Je vous ouvrirais donc ces cartons à un rythme raisonnable. Certains de ces documents sont peut être sous copyright ou sous le coup d'une autorisation. Je retirerais immédiatement tous ce qui semblera litigieux sur demande. L'essentiel des photographies contemporaines et vidéos résulte des repérages effectuées par Lise Roman, Frédéric Daudier et moi-même. Ils seront mis en ligne sous Créative Commons.
Je lance également un appel à ceux qui découvriraient ce site et posséderaient d'autres documents inédits. S'ils souhaitent les faire partager, ils seront les très bienvenus. De même ceux qui souhaiteraient faire part de leurs souvenirs, de leurs expériences relatives aux salles de cinéma de notre ville sont vivement incités à participer à ce blog qui deviendra ainsi une véritable création collective. Bonne lecture à tous.
Cordialement
Vincent Jourdan
16:45 Publié dans Note d'intention | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : note d'intention, salles de cinéma, nice | | del.icio.us | Facebook | | |