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22/09/2008

Situation et souvenirs

Il y a un passage édifiant relatif à notre sujet dans La nuit américaine de François Truffaut tourné en 1972. Ce film raconte l'histoire d'un tournage qui se déroule dans les studios de la Victorine (autre mythe niçois fameux). A un moment, l'acteur Alphonse, joué par Jean Pierre Léaud, répond à sa petite amie scripte-stagiaire, jouée par Dani, qui veut l'emmener au restaurant : « Moi, ça me dépasse ! On a la chance d'être dans une ville où il y a trente-sept cinémas... Bon ! ». Et de vouloir aller se faire une toile. A un autre moment, dans l'hôtel où l'équipe est descendue, une affichette montre les programmes des fameux trente-sept cinémas dans le hall.

Il y a eu, en effet, trente-sept et plus cinémas à Nice. La ville a eu au début des années 70 le second parc de salles juste derrière Paris. Disséminées sur tout le territoire municipal, salles de quartier, salles de prestiges, salles de patronage et salles d'art et essais, toutes ont tissé des liens culturels et sociaux et portent en elles un peu de l'histoire de la ville. Le film de Truffaut pourrait laisser croire que Nice était alors une véritable ville-cinéma, capitale régionale du septième art. Mais à partir de la fin des années 70, les multisalles, la crise, le rouleau compresseur télévisuel puis récemment l'essor des multiplexes, ont fait disparaître la plupart d'entre elles. Le tissus est mangé aux mites. Aujourd'hui, il n'existe plus que cinq cinémas : Rialto, Variétés, Pathé Paris, Pathé Masséna et Mercury (totalisant quand même 27 écrans), plus la Cinémathèque et de façon intermittente, l'espace Magnan avec la salle Jean Vigo. Il faut aussi considérer, aussi douloureux que cela puisse être, le multiplexe Pathé Lingostière.

Mais restons sur la ville où le mythe perdure. Car avec la disparition de ces salles, c'est toute une façon d'aller au cinéma, une façon de le vivre, tout un certain cinéma lui-même qui a disparu. Il laisse aujourd'hui un fort parfum de nostalgie, le souvenir d'un age d'or. Pax, Central, Royal, le superbe Escurial, le branché Balzac, le vénérable Politéama, ces noms font partie de la mémoire collective Niçoise. Salles de prestige, salles de quartier, disparues, transformées, survivantes ; elles portent cent ans de souvenirs et d'histoire. Ceux du cinéma de genre des salles populaires et hautes en couleurs. Celui du cinéma engagé, volontaire et contestataire des nouvelles vagues des années 60, dans les salles ouvertes aux ciné- clubs et aux débats enflammés de polémique. Celui d'un certain cinéma épique, enfin, celui du cinémascope et du cinérama dans de vastes salles baroques aux pourpres et ors d'opéra.

Le souvenir embelli. Celui des films autant que celui des salles, celui de leurs ambiances, de leurs parfums et de leurs couleurs. Ils portent en nous les impressions de notre enfance et de notre jeunesse, la marque du Temps.

Commentaires

je travail depuis plus de 6 mois à rassembler, documents, archives et à rédiger l'histoire des salles de cinéma de Nice des origines à nos jours, et je suis ravi de voir que ce sujet intéresse d'autres passionnés. La totalité des salles de cinéma ayant existées sur Nice avoisine la centaine et cela fait plus de 10 ans que je travaille à reconstituer leur histoire. Je serai ravi de répondre aux questions concernant ce sujet, à tous ceux qui le désirent.

Écrit par : michael | 26/12/2006

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