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23/10/2008

Descendons l'avenue

Descendons à nouveau l'avenue Jean Médecin en compagnie de notre cycliste. Juste un peu plus bas de l'ancien Balzac, sur le trottoir d'en face au numéro 43, se tenait le Cinétoile. Aujourd'hui, c'est une boutique de petits riens pas chers. Il en reste l'auvent et la vitre qui a conservé, jusqu'à ces derniers temps, les lettres noires « ETO ». Quelques années avant, le magasin s'appelait « Étoile Étoile », il s'y vendait des vêtements bon marché et la façade avait été conservée. Le Cinétoile était une salle qui a donné très tôt dans le registre coquin interdit aux moins de dix-huit ans, passant des classiques façon Emmanuelle aux films sordides sur rétroprojecteurs vidéo. C'était une vocation ancienne puisque, par exemple, en 1962 il diffusait « le film le plus audacieux et le plus sensuel » : Les enfants du vice.

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Je me souviens encore des affiches aux titres excitants que l'on voyait en sortant de son vis à vis, le Pathé Paris. Celui-là est un survivant. Sis au 54, il fait désormais partie du groupe Pathé. A l'époque où il n'avait qu'une grande salle, c'était le Paris Palace et si mes souvenirs sont bons, c'était une salle dont le toit s'ouvrait. Aujourd'hui, c'est une salle résolument tournée vers un public jeune avec une programmation très commerciale.

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Changeons de trottoir à nouveau. Au numéro 41 se tenait jusqu'au 6 juin 81 le Monte-Carlo. Jacques Lemoine, ancien projectionniste de la Cinémathèque et légende des projectionnistes de la côte y avait officié. Il se rappelait encore l'imposant décor installé pour la sortie du Livre de la Jungle produit par Disney. Il m'avait raconté les derniers jours de cette salle. Les propriétaires étaient tellement pressés et indifférents qu'ils avaient tout fermé en laissant les stocks d'esquimaux dans les congélateurs. Le courant ayant été coupé, losque Jacques était venu pour récupérer du matériel, la salle baignait dans la crème glacée et les rouleaux de pellicule. Charmant. C'est désormais un Quick.

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Au 33, encore un peu plus bas, c'était l'Apollo devenu l'Avenue puis ultimement l'ABC avec trois salles et une programmation que j'ai connue très familiale. C'était le cinéma des Disney et des films avec Terence Hill et Bud Spencer. Qui s'en souviendrait derrière cette façade façon marbre impersonnelle.

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Juste à côté, l'imposante salle du Gaumont, cinéma phare de l'avenue, rénové par Pathé et baptisé Pathé Masséna. Impeccablement transformé pour affronter les temps modernes. Il conserve sa grande salle de prestige modernisée avec son dolby THX et écran panoramique. Six salles complètent le complexe. On regrettera qu'aujourd'hui le pop-corn y ait autant d'importance et que les signalisations des issues de secours soit si importunes lors des projections. Comme son petit frère, ce cinéma a désormais une programmation très commerciale même si nombre de grandes sorties y font toujours figure d'évènement comme à l'époque des grandes queues pour découvrir L'Empire contre-attaque ou Blade runner. Le cinéma a également eu quelques véllités art et essais avec de la diffusion en VO, mais c'était très timide et sans lendemain. C'est également là que se font les avant-premières et les séances spéciales, avec l'ESRA notamment

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Encore un peu plus bas, notre cycliste achève son périple avec la façade du 20 et 22 où se tenait le Cinéac transformé en McDonald's. Certaines salles disparaissent discrètement, subissant des reconversions qui font frémir. Ce haut lieu de la gastronomie était le siège du Cinéac, anciennement Alpha. En 70, il diffuse Anzio, un film de guerre avec Mitchum, du grand spectacle. Il cède, comme d'autres à la tentation du porno, devient les Arcades puis, dans un ultime sursaut de dignité, nous donne de grands moments avec Duel ou Alien. Il ferme définitivement aux premiers jours de 88. Méditez que c'est ici, à l'automne 1903, que le journal l'éclaireur de Nice organisait des projections en plein air, séances vite interdites par la municipalité en raison de l'affluence qui bloquait la circulation sur l'avenue...

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(à suivre)

 

Photographies : Lise Roman

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