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29/09/2008

Le Royal

Avenue Malausséna se tenait encore, au milieu des années 90, le Royal. C'était le dernier cinéma à l'ancienne de Nice. Une grande salle unique, un peu baroque, avec des sièges en velours rouge, un rideau publicitaire vaguement phosphorescent, un balcon avec une rambarde en fer forgé et cuivre. Le plus beau, c'était la façade un peu art déco, blanche avec des lignes élégantes et deux statues genre déesses grecques.
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Né dans les années folles, il s'est longtemps appelé le Malausséna, il avait été réquisitionné par l'armée allemande lors de son entrée à Nice en septembre 43, quand ils ont viré les italiens qui venaient de jeter l'éponge. Honneur douteux. La salle a continué en salle de prestige pour le quartier. Je me souviens y avoir vu des reprises comme Ben Hur, Autant en emporte le vent, le premier Conan de Milius... Déjà, la grande salle était presque déserte. Le cinéma a tenté une reconversion en dancing quelques années et puis les propriétaires ont fait comme les italiens pendant la guerre et tout à été démoli. Que sont devenues les cariatides ? Le film pourrait être structuré autour de leur enquête. Une véritable enquête avec privé, chapeau et voiture.
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Et puis, un jour, passant devant, le trou. La photographie montre le chantier qui est resté ouvert, habitude bien niçoise, pendant deux ou trois ans. Aujourd'hui, c'est un immeuble banal, bourgeois. Sur la photographie, on peut voir sur le côté gauche un dernier pan de mur blanc. Derrière, on voyait encore le reste de l'escalier qui menait au balcon et la porte capitonnée avec son hublot tout rond, un oeil mort. A l'époque, j'avais filmé ça, me disant qu'il était urgent de garder une trace des salles survivantes. C'est du Hi8, je ne sais pas comment le transférer mais ça doit se faire.

Dans la première version du scénario, la narratrice donnait les instructions à son ami qui partait en vélo à travers la ville. C'était le point de départ du voyage.    
(à suivre)
Photographie : Lise Roman

23:45 Publié dans Scénario | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, salle, nice, royal | |  del.icio.us |  Facebook | | |

28/09/2008

Précision

Aussitôt dit... j'ai eu l'occasion de bavarder aujourd'hui avec un ami, niçois de souche, qui a pu me préciser le devenir de la rue du maréchal nous voilà. Elle a bien été débaptisée et c'est depuis la rue de la Liberté. Le Cinémonde a traversé la guerre sans encombre au numéro 4. Il a cessé ses activités à l'orée des années 80 et est actuellement occupé par un magasin Madura. Nous y reviendrons.

06:20 Publié dans Curiosité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, salle | |  del.icio.us |  Facebook | | |

26/09/2008

Ticket réduit

Un billet à tarif réduit, sans doute d'avant guerre, offert par un photographe de la place Garibaldi pour les cinémas Capitole (rue de la tour, la salle existe toujours on y reviendra), Cinémonde (rue du Maréchal Pétain, sans doute débaptisée depuis) et Gambetta (rue Dabray).
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(Collection particulière)

25/09/2008

Publicité de cinéma

Premier inédit de choix avec cette publicité passant dans les salles de cinéma pour Radio de la Côte. Elle est typique de ces publicités régionales qui remplacèrent les rideaux publicitaires, très localisées et sans grands moyens. Une véritable madeleine.

24/09/2008

Dispositif et prologue

Le dispositif que j'ai imaginé pour ce film est celui d'une enquête réalisée à vélo. Une enquête que le narrateur envoie faire à un personnage témoin que je vois un peu comme un monsieur Hulot à bicyclette, véhicule de l'effort mesuré. Dans la version d'origine, le narrateur était un jeune femme immobilisée par une jambe cassée. Elle demandait à un ami que j'avais appelé Jacques d'aller réaliser un repérage photographique de l'ensemble des lieux où se trouvaient les anciens cinémas.

Puis l'on m'a fait remarquer que le narrateur, c'était moi et donc cette fille n'était qu'une sorte de masque (ah bon). J'ai donc assumé et j'ai écrit de nouveau avec un homme (disons que c'est moi) qui envoie un copain faire ses repérages. Certains m'ont alors demandé l'intérêt de ce personnage intermédiaire. Je ne devais pas avoir de réponse satisfaisante à moins que ça ne soit révélateur du fait que j'aime bien faire faire les choses un peu fastidieuses par d'autres (c'est pas bien).

Tout cela nous a mis au moment de la valse des label Art et Essais sur le Mercury et le Rialto. CINEAC, le collectif auquel appartient l'association que je préside était assez actif alors sur sujet et l'on m'a suggéré de lier ceci à cela. Je me suis donc exécuté et j'ai effectué la narration et les repérages, menant une enquête sur l'histoire des cinémas niçois pour convaincre Nanni Moretti de venir nous aider à créer une nouvelle salle sur Nice. C'est un peu tiré par les cheveux mais pas plus qu'au départ où seule mon admiration pour le cinéaste romain justifiait le principe de la lettre. Je dois aussi préciser que le "on" est principalement un réalisateur de documentaires, homme charmant qui était venu me donner un coup de main à la demande de la Région qui hésitait alors à subventionner mon projet. Finalement, ils n'ont pas été convaincus et je suis resté avec mes trois versions.

Je ne suis pas plus convaincu aujourd'hui de l'intérêt de cette évolution. D'une part parce que le problème des labels et l'action de CINEAC n'ont eu qu'un temps, d'autre part parce que le premier dispositif n'est que le reflet inversé de la réalité. En effet, après avoir listé mes emplacements de cinémas, j'ai demandé à une amie, Lise, de réaliser une première série de repérages. Elle est partie à vélo et m'a ramené une série de photographies précieuses que vous découvrirez au fil de ce blog. J'aurais peut être dû m'en tenir à ce dispositif là. Ca sera pour une quatrième version.

Nous allons donc conserver cette idée dû parcours à vélo, un dimanche en heure creuse et sous un beau soleil de demi-saison qui adoucit la lumière parfois dure de la Côte d'azur.La conjonction de ces deux éléments propose une ambiance calme et sereine dans des rues désertées par les voitures, propice à la réflexion et à l'évocation de souvenirs.

En guise de prologue, narrateur et cycliste se retrouvaient devant le chantier du Royal.

(A suivre...)

22:30 Publié dans Scénario | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, salle | |  del.icio.us |  Facebook | | |

22/09/2008

Situation et souvenirs

Il y a un passage édifiant relatif à notre sujet dans La nuit américaine de François Truffaut tourné en 1972. Ce film raconte l'histoire d'un tournage qui se déroule dans les studios de la Victorine (autre mythe niçois fameux). A un moment, l'acteur Alphonse, joué par Jean Pierre Léaud, répond à sa petite amie scripte-stagiaire, jouée par Dani, qui veut l'emmener au restaurant : « Moi, ça me dépasse ! On a la chance d'être dans une ville où il y a trente-sept cinémas... Bon ! ». Et de vouloir aller se faire une toile. A un autre moment, dans l'hôtel où l'équipe est descendue, une affichette montre les programmes des fameux trente-sept cinémas dans le hall.

Il y a eu, en effet, trente-sept et plus cinémas à Nice. La ville a eu au début des années 70 le second parc de salles juste derrière Paris. Disséminées sur tout le territoire municipal, salles de quartier, salles de prestiges, salles de patronage et salles d'art et essais, toutes ont tissé des liens culturels et sociaux et portent en elles un peu de l'histoire de la ville. Le film de Truffaut pourrait laisser croire que Nice était alors une véritable ville-cinéma, capitale régionale du septième art. Mais à partir de la fin des années 70, les multisalles, la crise, le rouleau compresseur télévisuel puis récemment l'essor des multiplexes, ont fait disparaître la plupart d'entre elles. Le tissus est mangé aux mites. Aujourd'hui, il n'existe plus que cinq cinémas : Rialto, Variétés, Pathé Paris, Pathé Masséna et Mercury (totalisant quand même 27 écrans), plus la Cinémathèque et de façon intermittente, l'espace Magnan avec la salle Jean Vigo. Il faut aussi considérer, aussi douloureux que cela puisse être, le multiplexe Pathé Lingostière.

Mais restons sur la ville où le mythe perdure. Car avec la disparition de ces salles, c'est toute une façon d'aller au cinéma, une façon de le vivre, tout un certain cinéma lui-même qui a disparu. Il laisse aujourd'hui un fort parfum de nostalgie, le souvenir d'un age d'or. Pax, Central, Royal, le superbe Escurial, le branché Balzac, le vénérable Politéama, ces noms font partie de la mémoire collective Niçoise. Salles de prestige, salles de quartier, disparues, transformées, survivantes ; elles portent cent ans de souvenirs et d'histoire. Ceux du cinéma de genre des salles populaires et hautes en couleurs. Celui du cinéma engagé, volontaire et contestataire des nouvelles vagues des années 60, dans les salles ouvertes aux ciné- clubs et aux débats enflammés de polémique. Celui d'un certain cinéma épique, enfin, celui du cinémascope et du cinérama dans de vastes salles baroques aux pourpres et ors d'opéra.

Le souvenir embelli. Celui des films autant que celui des salles, celui de leurs ambiances, de leurs parfums et de leurs couleurs. Ils portent en nous les impressions de notre enfance et de notre jeunesse, la marque du Temps.

21/09/2008

Au programme cette semaine

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Qui se souvient du Monte-Carlo ? Qui peut dire ce qu'est devenu, aujourd'hui, le Ruly ?

19/09/2008

L'Escurial aujourd'hui

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Photographie : Lise Roman

18/09/2008

L'Escurial

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Source : plaquette cinémathèque de Nice 1995

16/09/2008

Note d'intention

Cher Nanni, est un projet de film documentaire autour de l'histoire des salles de cinéma de la ville de Nice.

A l’origine, il y a un trou.

Celui du chantier de démolition du Royal, grand cinéma à la façade art déco sur l'avenue Malausséna avec ses deux grandes statues de déesses antiques désormais impuissantes. Je me suis trouvé face à ce grand trou béant avec, comme un fantôme, un petit bout résiduel :  une porte avec son oeilleton, en haut d'un vestige de l'escalier menant au balcon que j’avais filmé, comme par réflexe. Ce trou, muet reproche, est resté près de trois ans en l'état avant que ne se construise un gros immeuble laid.

La première idée pour ce film, c’était l’envie de raconter l’histoire des cinémas niçois. D’abord évoquer toutes ces salles que j’avais connues et qui ont disparues l’une après l’autre au cours des années 80. Ensuite élargir le point de vue à toute l’histoire de ces salles, depuis la première séance du 18 novembre 1905 jusqu’à la récente ouverture de la salle Jean VIGO. Proposer enfin un portrait un peu décalé de Nice au fil du siècle à travers toutes ces salles car, en cherchant un peu, on en trouve toujours la trace.

Traces dans les bâtiments, sur les murs et les vieux journaux, des reliques. Mais aussi traces dans les souvenirs toujours très vivaces sur le sujet si l’on prononce le mot magique, le nom du cinéma : « Mais c’était ma salle ! ». Traces et souvenirs aussi dans les textes de quelques écrivains comme Louis Nucera, aujourd'hui malheureusement disparu, l’homme de l’avenue des Diables Bleus, amateur de vélo, de films et de chats. Ces souvenirs sont traversés d’autant de films et d’une certaine idée du cinéma, non pas une théorie artistique, non, mais une façon d’envisager la séance comme un moment privilégié, un peu magique et un peu sacré.

La seconde idée c’était Nanni Moretti. C’est un exemple, quelque soit le bout par lequel on le prenne : réalisateur, producteur, propriétaire et gérant du Sacher à Rome, organisateur d’un festival qui encourage les jeunes auteurs italiens. La première partie de son Caro Diario où il parcourt les rues de sa ville au guidon de sa vespa m'a semblé une forme idéale pour un tel film, élégante et décontractée. D'où l'idée d'une lettre cinématographique s'adressant au réalisateur : Cher Nanni...

La troisième idée, qui s'est greffée là-dessus, c’était de ne pas se complaire dans une attitude tournée vers le passé. « C’était mieux avant… ». Le film devait rendre compte de la situation présente avec ses succès et ses difficultés mais aussi sa dynamique. Avec ses passionnés et ses possibles. Programmateur de jeunes auteurs des Alpes Maritimes, avec mes amis, programmateurs eux aussi, nous avons imaginé ouvrir la salle de demain. Lier le passé au présent et à l’avenir, retrouver le meilleur de l’état d’esprit d’une époque où le cinéma était le spectacle majeur tout en projetant nos propres désirs d’aujourd’hui.

Le déclencheur, ce fut cette décision, depuis annulée, de retirer aux deux dernières salles estampillées « Art et Essais » leur agrément en septembre 2002. Tirant sur le déclencheur et combinant ces trois idées, j'ai écrit cette proposition de film que j’ai intitulé : Cher Nanni…

Hélas, trois fois hélas, jamais le budget nécessaire à ce projet n'a pu être réuni. Dans deux cartons dorment les résultats de mes recherches. Depuis deux ans, je me consacre aux blogs et j'en suis venu à me dire que cette somme d'informations et de documents pouvait prendre une forme, synthèse du scénario, des repérages et de documents multimedia audio et vidéo, glanés ici et là sur la toile, qui contribueraient à donner l'atmosphère du film.

Je vous ouvrirais donc ces cartons à un rythme raisonnable. Certains de ces documents sont peut être sous copyright ou sous le coup d'une autorisation. Je retirerais immédiatement tous ce qui semblera litigieux sur demande. L'essentiel des photographies contemporaines et vidéos résulte des repérages effectuées par Lise Roman, Frédéric Daudier et moi-même. Ils seront mis en ligne sous Créative Commons.

Je lance également un appel à ceux qui découvriraient ce site et posséderaient d'autres documents inédits. S'ils souhaitent les faire partager, ils seront les très bienvenus. De même ceux qui souhaiteraient faire part de leurs souvenirs, de leurs expériences relatives aux salles de cinéma de notre ville sont vivement incités à participer à ce blog qui deviendra ainsi une véritable création collective. Bonne lecture à tous.

 

Cordialement

Vincent Jourdan

14/09/2008

Spectacle permanent

Il y a bientôt un an, entre mon déménagement, ma vie familiale et mes activités associatives, j'ai mis en pause le projet Cher Nanni. Je pensais naïvement que ce ne serait que pour quelques mois. Hélas, trois fois hélas, présomptueux que j'étais, je n'ai pas réussi à me remettre au travail sur ce blog. Après un si grand vide, je ne pouvais pas reprendre le fil comme si de rien n'était. Aussi, j'ai eu une idée, qui vaut ce qu'elle vaut : je reprends la publication du blog de puis le début. Cher Nanni n'est pas un journal, il n'est pas lié à l'actualité. Il est la somme des recherches effectuées sur l'histoire des cinémas de la ville de Nice en vue d'un documentaire. Il sera peut être un livre. En tout cas, c'est un objet fini.

Quand j'allais au cinéma, enfant, les séances étaient souvent permanentes. On pouvait entrer pendant le film et rester voir le début ensuite. On pouvait voir le film plusieurs fois de suite. Je vais donc m'inspirer de cet exemple. C'est repartit pour un tour. Je laisse les commentaires effectués entre 2006 et 2008, que les dates ne surprennent pas. Je laisse aussi quelques notes qui n'auraient pas de sens autrement. A mes anciens lecteurs, merci d'avoir suivi, vous reprendrez bientôt le fil. Aux nouveaux : bonne lecture.

 

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